mardi 19 juillet 2011

Du soldat de l’ombre au Guerrier de Lumière ou Transcender ces démons grâce au Ninpo Nin-Jutsu

J’ai déjà largement évoqué les trois niveaux de progressions du Ninpo Nin-Jutsu :
·         Exotérique
·         Mésotérique
·         Esotérique

J’aimerais évoquer aujourd’hui la notion de guerrier. Que signifie être un guerrier au 21ème siècle ?
Un mec cagoulé avec un sabre dans le dos, rasant les murs de la ville ?

Un pratiquant hyper affuté, toujours prêt à combattre si on lui en donne l’ordre ?

Un justicier invisible errant dans la nuit, afin de remplir la mission du Daimyo ?

Dans une époque où la violence n’est pas une « idée en voie d’extinction » dans notre société, il n’est pas utile de rajouter à la douleur du monde sous le forme de nos élans violents irraisonnés.

En tant que pratiquant toujours passionné après 30 ans de pratique martiale, je suis convaincu que la Voie du Guerrier consiste à développer une force mentale au cours d’une pratique assidue, afin de transcender les mirages du Monde des Illusions. Illusions auxquelles, qui que l’on soit, d’où que l’on vienne, nous sommes confrontés dans notre vie quotidienne :
·         Illusion de pouvoir sur l’autre par la récompense ou la punition.
·         Illusion de force lorsque l’on profite d’affirmer la sienne sur un plus faible.
·         Illusion de savoir, de maîtrise d’un sujet accompagnée d’une disparition de l’envie d’apprendre sur ce que l’on ignore encore.

…On pourrait continuer longtemps. Reconnaissons-le, nous avons tous expérimenté notre face noire une fois ou l’autre. Bien sûr que certains me diront que c’est comme cela qu’est le monde moderne, monde implacable ! Evidement que des milliers de livres vous parleront de la nécessité impérative de développer son agressivité, sa force explosive, sa capacité prédatrice, afin de devenir le guerrier ultime.

Cette attitude relève de la quête chimérique du pouvoir dans le monde extérieur. Elle attire la plupart d’entre nous dans un premier temps. Cependant, comme une carotte à jamais inatteignable, cette voie conduit à la frustration.

Tout simplement car dans le monde extérieur, les formes sont reines, mais aussi vrai que tout ce qui nait un jour, meurt un autre ; les formes s’étiolent, pour finir par disparaître. Ce qui nous avait donné satisfaction se meurt et nous laisse en manque...de cette précieuse énergie dont nous nous nourrissions pour continuer de vivre.



Etre et vivre dans le monde matériel


Pour tout un chacun, la vie quotidienne consiste à établir des relations avec ses congénères afin d’obtenir de l’énergie. En travaillant pour quelqu’un ou en faisant travailler pour soi, nous obtenons de l’énergie. Dans ce contexte, plus l’individu est « puissant » plus il attire, s’approprie de l’énergie, en tant que tel ou sous forme d’argent par exemple.

Dans l’art martial, acquérir du pouvoir revient à passer des grades en maîtrisant de plus en plus de techniques, mais aussi en nous élevant dans la hiérarchie du dojo. Arrivé au sommet, il ne reste plus qu’à étendre son pouvoir en défiant d’autres pratiquants dans d’autres dojos. Cette quête de pouvoir dans la matière à une fin dictée par le vieillissement. Tôt ou tard, celui qui est monté en puissance, redescend aussi sûr que la nuit succède au jour.

Cependant, reconnaissons que cette quête a du bon : dominer ses congénères nourrit l’ego et celui-ci renvoie tellement bien l’illusion d’être en train de devenir le roi du monde !

Cependant ….

Premiers éclairs spirituels


Un jour arrive où l’on s’aperçoit que la violence brute ne résout pas tout, voir ne résout absolument rien. A ce moment, s’ouvre la possibilité à chacun de voir que le vrai combat se déroule à l’intérieur et non l’extérieur.

Contre ses doutes, ses angoisses stupides, et ses peurs pathétiques qui nous gâchent la vie aux moments importants. Cette route ouvre la possibilité de voir par soi-même qu’il est juste de vivre son présent, quel qu’il soit, car l’on récolte maintenant ce que l’on a semé plus tôt. Peu à peu lorsque la résistance de l’ego est vaincue par le mental éclairé de la lumière de la connaissance, le pratiquant comprend Karma ou la Loi de Rétribution. A partir de ce moment, débute une lutte de l’ego[1] pour maintenir sa capacité à contrôler la vision du monde.

La pratique redirigée du Ninpo Nin-Jutsu doit nous amener à l’invisibilité. Invisibilité qui est tout bonnement insupportable pour l’ego. Le principe de Non-Résistance, sous-jacent à celui d’Invisibilité, s’il est vécu sur et hors tatami, conduit à la lente annihilation de l’ego.

La Non-Résistance vécue dans la vie quotidienne constitue un pas décisif dans l’acception de ce que l’on appelle faussement le destin, qui est en fait Karma. Loi de rétribution qui, à l’échelle de l’univers, met en balance les causes générées avec des effets correspondants.

Mais rien n’est facile à ce moment car le pratiquant, même honnête, ressent souvent comme de la lâcheté le Principe de Non-Résistance. Il n’est facile pour personne d’abandonner nos réactions égotiques, surtout lorsque la vie nous présente un provocateur parfait pour nous faire sortir de nos gongs ! Sans parler de l’impression qu’en appliquant la Non-Résistance, nous allons perdre la force que nous avons tellement eu de mal à acquérir. Rester humble pour un pratiquant peut sembler antinomique à sa pratique martiale.

Par sa force de caractère forgé durant des milliers d’heures de pratique, le Nin-Jutsuka pourra vaincre ses doutes et ses peurs afin de transformer le chêne en bambou. Car là, plus de frime, plus de glace pour s’admirer, nous nous retrouvons seul face à sa conscience.

Cependant les victoires arrivent à ceux qui savent ne pas faiblir : s’éloignant de la victoire sur des corps, le pratiquant obtient peu à peu des victoires dans l’esprit en déplaçant ses limites vers une maîtrise de l’esprit sur l’esprit. Il pourra de plus en plus matérialiser l’esprit du Ninpo aux yeux des néophytes et ce faisant, ouvrira grand la porte de la communication entre son esprit et son « véhicule physique », afin qu’il puisse manifester aussi fidèlement que possible l’idée, le projet qu’il échafauda dans son mental.

Comme tous ceux qui entreprirent cette voie avant lui, il découvrira les six corps subtils[2] qui siègent au-dessus de son corps dense. Il verra à ce moment à quel point le corps astral et ses émotions polarisées en attractions et répulsions envers les formes du monde, est la mer des passions dont nous parle le Bouddhisme.

L’Homme passionnel restera esclave de ses émotions tant qu’il ne fera pas le travail nécessaire afin de calmer ses pulsions. Le Bouddhisme peut se révéler être une excellente solution pour ceux à qui cette philosophie parle.

Bouddha nous a laissé une merveilleuse méthodologie qui pour infime partie peut se résumer ainsi :

Les Quatre Nobles Vérités de Bouddha[3]


·         Première Noble Vérité: Reconnaître l’existence de la souffrance : dans les quatre mondes inférieurs (physique, éthérique, astral, mental) la forme existe. Or une des propriétés de la forme est le fait qu'elle soit créée, donc qu'elle a un début et une fin. Dans une première phase du développement de l'Être Humain, l'attachement à la forme rend sa disparition insupportable. Pourtant ledit attachement est une conséquence naturelle et inévitable (au moins dans une première phase, ne tombons pas dans le fatalisme, mes amis!) du monde des formes.
·         Deuxième Noble Vérité : la cause de la souffrance : lorsque l'on projette ses désirs dans le monde des formes, il en résulte une souffrance due à l'impermanence desdites formes. Cependant nous pouvons parvenir, comme la fleur de lotus, à flotter au-dessus des passions du monde. Nous parvenons à nous libérer peu-à-peu de nos passions et prenons le contrôle de notre vie. Nous cessons d'être ballottés par les flots déchaînés et nous élevons au-dessus. Un peu comme si nous passions d'un simple radeau de bois au navire sophistiqué. Bouddha nous a exhortés à éliminer les désirs négatifs de type inférieur liés au monde des formes. Cependant le désir en tant que tel n'est pas mauvais, car il induit le mouvement, l'avancée, le pas vers l'avant et il est notre futur. Le désir « positif » est celui qui se déroule dans notre nature supérieure. Souvenez-vous de Maître Jésus lorsqu'IL dit à ses disciples qu'ils étaient dans le monde mais qu'ils n'appartenaient pas au monde!
·         Troisième Noble Vérité : fin de la souffrance : consiste à rester dans sa nature supérieure afin de tendre à la Quatrième Noble Vérité.
·         La Quatrième Noble Vérité est le chemin de la délivrance : ce chemin consiste, à l'aide des conseils lumineux de l'Octuple Sentier, à orienter toute son énergie vers le Nirvana ou Royaume des Cieux.

La clé est évidemment, nous l'avons évoqué plus haut, de se placer en observateur afin d'obtenir une victoire définitive sur le monde du désir.

Savoir contempler sa vie en spectateur, car comme dans un film hollywoodien il arrive que le spectateur s'identifie à l'acteur et éprouve des émotions qui ne lui appartiennent pas.

Se détacher de son rôle nous permettra d'éviter de confondre acteur et spectateur. Car comme nous l'avons déjà vu, notre vraie nature se trouve dans l'observateur et non dans l'acteur.

Nous acquérons alors la propriété d'intervenir auprès du scénariste au sujet de notre rôle mais surtout nous acquérons la faculté de « basculer » notre conscience du monde irréel au monde réel à la fin du film. Sinon, nous risquons de rester enfermés dans notre rôle actuel même lorsque nous resterons seuls sur scène.

Noble Octuple Sentier[4]


·         Vision Juste : « samma ditthi », croyance, opinion, compréhension et perception reliées à la source unique.
·         Pensée Juste : « samma sankappa », intention juste, impliquant l’alignement de l’ensemble des pensées sur le Nirvana sans l’autoriser à se laisser distraire par la chair ou les préoccupations d’ordre inférieur.
·         Parler juste, parler vrai afin de créer et non détruire. Parler pour donner la vie à ceux qui ne voient plus la lumière.
·         Action juste : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas s’adonner à la luxure, honorabilité et respect dans l’action.
·         Vie honnête : accomplir des tâches qui ne sont dommageables pour personne.
·         L’Effort Juste
·         L’Attention Juste
·         La Concentration Juste

Le Noble Octuple Sentier se divise en trois parties :
·         Les deux premières directives nous parlent de sagesse : se positionner Justement dans notre vie, percevoir la finalité de la vie avec justesse.
·         Les trois directives suivantes nous invitent à la vertu en tant que base pour la troisième partie.
·         Les trois dernières directives nous parlent de l'action, de la mise en mouvement de nos actes et du maintien qualitatif de ceux-ci, ce qui à mon humble avis n'est pas le plus simple à mettre en œuvre.

Le chercheur, lorsqu'il effectue un travail uniquement motivé par l'attraction qu'il a envers le paradis (nirvana), aura de très fortes chances de voir ses efforts ne pas porter de fruits et de se retrouver en définitive encore plus bas que le point dont il était parti.

Ce travail ne pourra s'effectuer que lorsque le chercheur débutera sa route par conviction et non par envie. A ce moment-là rien, même la plus négative des énergies ne pourra réellement l'affecter.
Le Bouddhisme nous parle des dix entraves qui sont les facteurs causatiques du Karma. Les dix entraves peuvent être comprises comme une conséquence de l'ignorance. Les cinq premières sont des «entraves inférieures» et les autres, des «entraves supérieures» :
1.      La vision du moi, sakkaya-ditthi
2.      Le doute
3.      L'attachement aux rites et aux règles
4.      Le désir sensoriel, kāma-raga
5.      L'aversion
6.      Le désir d'un corps physique pur, rūpa-raga
7.      Le désir d'une existence sans forme, arūpa-raga
8.      L'orgueil
9.      L'agitation
10.  L'ignorance, avijja

On parle d'êtres nobles (ārya-pudgala) par opposition aux « êtres ordinaires » (sanskrit : pṛthagjana) qui sont pris dans le samsara[5] parce qu'ils ne connaissent pas les trois caractéristiques de l'existence (impersonnalité : Anātman. Impermanence : Anitya. Insatisfaction : Duḥkha).



Quitter le monde matériel


Souvent mal comprise, cette notion n’a rien à voir avec la mort physique, mais bien à un déplacement de l’attention de la Matière vers l’Esprit. C’est-à-dire que lorsque l’Homme en recherche de la Vérité s’aperçoit de l’impermanence de la matière, laquelle s’oppose à l’immortalité de l’Esprit. Il peut choisir, en exerçant son libre arbitre, de sortir de la souffrance en renonçant à la conviction que la matière est la réalité. Renoncer aux plaisirs inférieurs pour s’élever à de plus hautes aspirations ne peut se faire qu’avec un cœur vaillant …et une volonté toute personnelle d’avancer. Dans la pratique des arts martiaux, il faut souvent que, aussi bête que cela puisse paraître, la violence génère une violence telle que la pratiquant cherche à s’en éloigner à tout prix. A ce moment, le pratiquant va se mettre en quête non plus de technique mais de savoir s’éloigner peu à peu de la forme pour atteindre le fond.

Selon la quantité de pouvoir qu’il aura accumulée, le pratiquant entamera un lent travail de purification, de réharmonisation de l’ensemble de ses composantes.

Cela se manifestera par exemple par un travail comportemental profond.

Symboliquement, on peut dire que chacun de nous part des :
·         aux Sept Péchés Capitaux : luxure (abus des plaisirs sexuels), avarice, envie, orgueil, paresse, gourmandise et colère
Pour atteindre après un lent travail…
·         aux Sept vertus confucéennes du Bushido : Droiture, Courage, Bienveillance, Politesse, Sincérité, Honneur, Loyauté

De la pratique du débutant consistant à l’astreinte à une discipline stricte, permettant l’acquisition de bagage technique complet, le pratiquant avancé évoluera vers un travail plus profond, consistant à comprendre tous les rituels présidant aux rapports humains.


La vie dans la lumière


Vivre dans la lumière consiste à appliquer l’Octuple Sentier afin de consolider la part de lumière en nous, aux dépends de nos ténèbres. C’est balayer de la Vérité, nos doutes, nos peurs, nos angoisses afin de vivre pleinement notre rôle de lien entre les plans inférieurs et supérieurs.

Transcender les limites de la Matière par l’Esprit, c’est gagner notre guerre sainte intérieure et œuvrer à l’édification de notre pierre philosophale.

Œuvrer dans la lumière, c’est lentement travailler à harmoniser et à glorifier notre Masculin et notre Féminin sacrés. Afin de redevenir et de libérer nos forces créatrices.



Conclusion


Pratiquer pour devenir l’Hyper Rambo amène au bout du compte à la prison ou à la camisole de force ! Cependant, pratiquer pour vaincre l’infidèle intérieur, celui qui sinon est susceptible de faire capoter les plus beaux projets de vie, est le voie du vrai pratiquant d’art martial.

Le Ninpo ou la Voie de l’Invisibilité nous apprend d’une part à travailler sur notre ego et d’autre part nous apprend la Non-Résistance.

Cet ego par qui nous croyons longtemps être, ne nous apporte qu’illusion de l’apparence d’être. Sa résorption ne se passe pas sans mal. Car il en faut du temps pour comprendre que l’abandon de l’égocentrisme ne conduit pas à la mort par lente déchéance. Par contre comme tout travail en ce bas monde, des méthodes existent afin de nous conduire sur cette voie.

Lorsque l’orgueil excessif cède la place à l’humilité, l’apprentissage du principe de Non-Résistance peu commencer. Et comme le bambou, le pratiquant apprendra à ployer tout d’abords pour se redresser ensuite intacte, même après la pire des tempêtes. Mais ce principe nous apprend surtout à nous adapter, à rester souple tel que nous sommes nés. Cesser de nous rigidifier nécessite que nous nous débarrassions de nos peurs (lesquelles nous crispent justement). Céder à la force brute pour ensuite la retourner vers celui qui l’utilise abusivement en une bonne chose.

Travailler dans et pour la lumière (= la connaissance de la Vérité, laquelle transcende les limites religieuses et politiques) amène à devenir un vrai guerrier.

Un Guerrier de Lumière est un être humain qui
·         jamais ne perd son but du vue
·         veille à ne pas succomber à ses anciens démons et se préparent pour les futurs obstacles
·         utilise son énergie à chercher la vérité en plaçant sa conscience dans l’Esprit et non la Matière
·         n’hésite pas à combattre l’ombre, cette lumière noire qui depuis la nuit des temps essaie de voiler la lumière en apportant désolation, désespoir, et absence d’amour

Un Guerrier de Lumière est certainement un être humain de son temps qui sait mettre son énergie dans des causes nobles nourrissant l’âme des ses proches et la sienne plutôt que son corps. Loin des uniformes et des habits de parades, le Guerrier de Lumière est efficace sans besoin d’apparaitre.
Tout aussi dure que cette voie puisse apparaître, c’est en faisant un premier pas dans la Lumière que l’on s’éloigne de l’ombre.



                                                                                     Jean-Christian Balmat




[1] J’entends par « ego » cette fausse personnalité constitué de la somme des expériences qui nous ont, dans cette vie et les autres antérieures, permis de récolter de l’énergie de nos relations aux autres. L’égocentrisme est un terme qui nous décrit explicitement le but de l’ego : nous faire illusoirement croire que nous sommes le centre du monde. L’ego empêche l’éveil spirituel.
[2] L’Homme Septuénaire est composé de sept corps concentriques, qui se nomment (de plus dense au plus subtil) : corps dense (physique)-corps éthérique (vital)-corps astral (émotions).corps mental-corps causal-corps spirituel-corps divin. Les trois premiers sont dits inférieurs et ont rapport avec « l’homme-animal » tandis que les trois derniers ont rapport avec « l’homme spirituel » ; le corps mental servant « d’axe de symétrie »..
[4]              Chapitre extrait du libre « Rissoi l’Ermite, Celui qui découvrit le chemin vers le Monde Intérieur » du même auteur.
[5] Cycle des incarnations.

jeudi 14 juillet 2011

Ninpo Nin-Jutsu: La Non-Résistance (article 2)

Lorsqu’une attaque se produit, une énergie violente et destructrice est mise en mouvement. Si l’attaqué s’en défend par la violence, sa propre énergie négative vient s’ajouter à celle de l’attaquant. Le résultat est une énergie négative énorme est dégagée et les deux protagonistes dans ce cas en subissent à long terme les conséquences (Karma).

La haine est contraire aux Lois de la Nature, car elle a un effet séparatif. Elle sépare extérieurement les Hommes, cependant on oublie souvent qu’elle produit le même effet intérieurement. L’être humain est composé de comme nous l’avons vu de Yin et de Yang, de deux pôles magnétiques, négatif et positif.

La Voie du Budo est d’aller au-delà du Tao, de le transcender. Pour le faire, il semble logique que la condition préalable soit d’entretenir et de purifier nos aspects féminins (Yin) et masculin (Yang) puis de parvenir à un mariage intérieur ou fusionnement des deux énergies en une.

Pour respecter les lois universelles, aucune force ne peut être détruite en tant que telle, mais acceptée pour ce qu’elle est et transformée[1] sans qu’elle soit stoppée. Pour reprendre l’exemple de l’attaque, le pratiquant de Budo cherchera, au lieu de la bloquer, à « faire tourner » autour de lui cette énergie négative (évitant ainsi d’être touché « en plein cœur ») pour la renvoyer après l’avoir purifiée par ses sentiments (notion de « Kokoro », de cœur emplie de bonté et de compassion, qualités valorisées par le Bouddhisme).


Voilà la notion de non-résistance : savoir plier, s’adapter à l’attaque comme l’eau s’adapte à son contenant, puis agir sur la qualité de l’énergie afin de transformer le destructif en constructif, puis la rendre à son expéditeur sans haine mais, paradoxalement pour un néophyte, avec bonté et compassion. Cette façon de faire ressemble à ce qui se produit lorsque nous aidons un ami que nous aimons qui traverse une mauvaise passe. S’il, par sa souffrance, il nous attaque verbalement, nous ne lui tenons pas rigueur de cela et au contraire lui faisons prendre conscience que nous voyons qu’il souffre et l’encourageons à se prendre en charge.

La non-résistance apparait souvent au débutant comme une théorie de lâches et de faibles. Pourtant, il est facilement compréhensible pour celui que se donne la peine de réfléchir que contrer la destruction par la destruction amène… encore plus de destruction. Contre-attaquer avec violence, c'est de la vengeance et devenir vengeur, c'est devenir son agresseur. Bien qu’il faille s’armer de courage et de foi, s’opposer à la violence par l’intelligence et l’amour permet d’inverser le cours des choses et de participer à la Paix.

La non-résistance permet surtout de ne pas aggraver la dette karmique. En sortant de la violence et en permettant même de participer à sa transformation, nous améliorons notre sort individuel et collectif.



                                                                                     Jean-Christian Balmat






[1] Tout comme l’Homme transforme du Prana, des aliments, des pensées et des émotions en énergie qu’il utilise à chaque instant.

lundi 11 juillet 2011

Ninpo Nin-Jutsu: La non-violence


 le Principe Suprême du combat est la paix




 "devenir Bouddha dans cette vie", Wikipédia, 2018

Bien que cela semble un paradoxe pour le néophyte, le Budoka poursuit un seul but : la Paix.
Lorsqu’un individu éprouve de la haine, il est susceptible d’être violent avec ses congénères. De même, lorsqu’une nation éprouve de la haine à l’encontre d’une autre, le risque de guerre est au paroxysme.

Comme nous l’avons vu plus haut, la haine est un sentiment instinctif relevant du sentiment d’agression et du besoin de se défendre. En parvenant à maîtriser ses émotions, le pratiquant ne fait pas que de diminuer la haine, il la transcende.

La haine et la violence ont un effet séparatif et génèrent donc une énergie répulsive. Mais ce sont surtout des forces qui s’opposent l’une à l’autre, valorisées par les Bujutsu, elles ont une conséquence destructrice.

La non-violence n’est pas dans ce contexte une éthique particulière, mais l’action de se mettre en harmonie avec les forces de l’Univers. C’est la capacité de s’adapter à notre environnement tant climatique que social, tout comme l’eau s’adapte au verre sans perdre sa nature. La non-violence est un comportement qui permet de s’adapter, en évitant tout conflit, à toute énergie, tout acte, toute émotion, toute pensée. Ce qui ne veut pas dire que la non-violence soit une justification à la lâcheté et l’atonie.
Alors que le Bujutsu valorise la violence cruelle, implacable et le rejet de l’inconnu, le Budo donne le pouvoir de transcender cela en force d’amour et apprentissage afin d’acquérir de la connaissance.
Par un travail intérieur sincère, l’être humain évolue de la haine vers la perception de l’amour universel, qui conduit à l’unité intérieure et précède au travail final.




                                                                                     Jean-Christian Balmat