vendredi 3 octobre 2014

Nin-Jutsu: Ennemi, Toi mon meilleur ami[1]

Lorsque l’on commence les arts martiaux, on rêve de pouvoir sur l’autre ou par rapport à lui. Pouvoir se protéger des ennemis dans n’importe quelle situation, devenir invincible.

Ce n’est qu’illusion du débutant de devenir fort en devenant dur, esprit inflexible dans un corps de fer. S’il est vrai qu’à court terme le pratiquant gagne à adopter cette attitude, sur le long terme, celle-ci n’apporte que l’enfermement.

Combien de pratiquants s’enferment dans un art censé être le meilleur ? Dans la vie courante, nos efforts pour maîtriser un art, une profession ou une science s’étalent sur des années et nous opposent souvent à un autre « clan ». Fréquemment, lorsque les êtres humains « portent des couleurs » qui spécifient leur appartenance à un groupe, ils s’opposent plus ou moins consciemment à un autre groupe… qui défend des opinions opposées.

Le comportement animal dicte la méfiance, voire la guerre, si nous sentons notre groupe ou notre individualité attaquée. Mais nous savons que cette perception est instinctive et que nous possédons en nous une faculté adaptative.

Le Ninpo est à l’opposé de la résistance et de l’opposition. Je reconnais que, pour l’homme-primate gonflé de testostérone et d’adrénaline, la non-résistance en combat ressemble à de la lâcheté. Il se trompe, car il perd dans son attitude toute l’énergie qui lui permettra de devenir maître de son monde, en affrontant ses faiblesses.

L’ennemi est celui qui, par son attitude, est porteur de valeurs qui nous font peur, parce qu'étrangères. Au niveau ésotérique du Ninpo, apprendre de son ennemi est essentiel. En nous poussant dans nos derniers retranchements, celui contre lequel nous luttons depuis la création devient un maître sur la route de notre évolution. Il nous force à nous adapter à ce dont il est porteur. Son Feu nous brûle ou alors nous apprend, selon notre perception de la Vie, selon la qualité du message de notre subconscient.

Peu à peu, le pratiquant confirmé découvre que le vrai ennemi est l'Infidèle, non pas à l’extérieur, mais au fond de lui. Voilà la signification de la Guerre Sainte, intérieure et non extérieure. Éliminer celui qui doute de tout, car il ne sait rien, mais n’ose pas, de peur, l’avouer.


                                                                              Jean-Christian Balmat, Ninpo Nin-Jutsu