Lorsqu’une attaque se produit, une énergie violente et destructrice est mise en mouvement. Si l’attaqué s’en défend par la violence, sa propre énergie négative vient s’ajouter à celle de l’attaquant. Le résultat est une énergie négative énorme est dégagée et les deux protagonistes dans ce cas en subissent à long terme les conséquences (Karma).
La haine est contraire aux Lois de la Nature, car elle a un effet séparatif. Elle sépare extérieurement les Hommes, cependant on oublie souvent qu’elle produit le même effet intérieurement. L’être humain est composé de comme nous l’avons vu de Yin et de Yang, de deux pôles magnétiques, négatif et positif.
La Voie du Budo est d’aller au-delà du Tao, de le transcender. Pour le faire, il semble logique que la condition préalable soit d’entretenir et de purifier nos aspects féminins (Yin) et masculin (Yang) puis de parvenir à un mariage intérieur ou fusionnement des deux énergies en une.
Pour respecter les lois universelles, aucune force ne peut être détruite en tant que telle, mais acceptée pour ce qu’elle est et transformée[1] sans qu’elle soit stoppée. Pour reprendre l’exemple de l’attaque, le pratiquant de Budo cherchera, au lieu de la bloquer, à « faire tourner » autour de lui cette énergie négative (évitant ainsi d’être touché « en plein cœur ») pour la renvoyer après l’avoir purifiée par ses sentiments (notion de « Kokoro », de cœur emplie de bonté et de compassion, qualités valorisées par le Bouddhisme).
Voilà la notion de non-résistance : savoir plier, s’adapter à l’attaque comme l’eau s’adapte à son contenant, puis agir sur la qualité de l’énergie afin de transformer le destructif en constructif, puis la rendre à son expéditeur sans haine mais, paradoxalement pour un néophyte, avec bonté et compassion. Cette façon de faire ressemble à ce qui se produit lorsque nous aidons un ami que nous aimons qui traverse une mauvaise passe. S’il, par sa souffrance, il nous attaque verbalement, nous ne lui tenons pas rigueur de cela et au contraire lui faisons prendre conscience que nous voyons qu’il souffre et l’encourageons à se prendre en charge.
La non-résistance apparait souvent au débutant comme une théorie de lâches et de faibles. Pourtant, il est facilement compréhensible pour celui que se donne la peine de réfléchir que contrer la destruction par la destruction amène… encore plus de destruction. Contre-attaquer avec violence, c'est de la vengeance et devenir vengeur, c'est devenir son agresseur. Bien qu’il faille s’armer de courage et de foi, s’opposer à la violence par l’intelligence et l’amour permet d’inverser le cours des choses et de participer à la Paix.
La non-résistance permet surtout de ne pas aggraver la dette karmique. En sortant de la violence et en permettant même de participer à sa transformation, nous améliorons notre sort individuel et collectif.
Jean-Christian Balmat
[1] Tout comme l’Homme transforme du Prana, des aliments, des pensées et des émotions en énergie qu’il utilise à chaque instant.
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