lundi 5 novembre 2012

Ninpo Nin-Jutsu: La Voie du Guerrier (2ème partie)


Pour faire suite à l’article que j’ai posté le 12 septembre, je vous propose de réfléchir plus en avant sur la définition du Guerrier en ce 21ème siècle.

Etre ou apparaitre : that’s the question ?


Lorsqu’un enfant nait, il débute une période dans laquelle ses parents lui donnent le droit d’évoluer dans un milieu protégé, la famille. Comme la coquille protège le poussin, la famille permet à l’enfant d’intégrer un maximum de connaissance, dont les comportements « adéquats, juste et reconnus » par la famille et la société.

L’adolescence marque l’arrivée dans la société avec tout ce qu’elle comporte de contestation de l’éducation et réveil à la dure réalité de la société. La prise de conscience de la société est surtout pour la plupart, l’éveil a un milieu sans protection dont le jugement se base bien uniquement sur les actions, le FAIRE en opposition à la famille où symboliquement l’enfant peut ÊTRE.

La conséquence naturelle est que l’adolescent développe naturellement une carapace sociale, appelée « persona », qui est une série de masques lui permettant de montrer aux différents groupes sociaux qu’il fréquente des apparences et comportements acceptables pour ces derniers.

Arrivé à l’âge adulte, chaque être humain est devant un choix cornélien :
·         Continuer à renforcer son persona à tout prix même celui d’occulter voir d’oublier sa personnalité réelle intérieure
ou
·         Développer sa personnalité d’une manière équilibrée tout en gardant un persona en guise d’habit social.

Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, il est impossible de réduire à néant le persona, aussi vrai que nous portons des habits pour nous protéger des aléas climatiques.

Sachant cela la décision à faire ne consiste pas à un choix entre personnalité intérieure, l’Être intérieur, et le persona, le paraitre ; mais plutôt de savoir laquelle de ces deux facettes nous allons nourrir le plus.

Ah il est évident que le paraitre rapporte beaucoup : du moment que nous respectons les codes du groupe par lequel nous sommes reconnus, la récompense[1] sera immédiate et proportionnelles à l’effort consenti. Par contre ce fonctionnement nécessite une « mise à jour » permanente de l’apparence consommant une bonne partie des ressources psycho-affectives et physiques de la personne.

Se consacrer au développement harmonieux de la personnalité est pour la plupart des gens une démarche de looser. Pourquoi ? Parce qu’elle s’accompagne de la découverte navrante (pour l’ego) de défauts, manques et lacunes intérieures. Ce second choix de vie implique de facto d’affronter intérieurement un défaut pour la société.



La guerre intérieure


Pour autant que l’on choisisse la deuxième solution, une guerre latente va apparaitre au grand jour celle qui va mettre en balance :
Notre foi
avec
Notre scepticisme
Notre espoir
Notre désespoir
Notre bienveillance
Notre malveillance
Notre politesse
Notre grossièreté
Notre sincérité
Notre hypocrisie
Notre honneur
Notre honte
Notre innocence
Notre désabusement
Notre loyauté
Notre traîtrise
Nos joies
Nos tristesses
Nos convictions
Nos doutes
Tableau 1

Tout être humain éprouve naturellement intérieurement les sentiments de la colonne de gauche. Cependant à partir du moment où il établit des contacts sociaux, il expérimente l’échec, le doute, l’impuissance et même le rejet de l’autre.

L’innocence et la spontanéité des sentiments originels laissent malheureusement trop souvent place au désabusement de l’adulte qui brime ses émotions quand elles relèvent de la douleur. Ce phénomène est naturel et procède du système de punition dont nous avons amplement parlé dans les articles précédents.

Nous savons que ce système met en place automatiquement dans le présent et le futur un processus de rejet de tout ce qui a fait mal dans le passé. Ce système est salvateur à court terme cependant l’être humain risque, s’il vit sous ce fonctionnement passivement, de mettre en place de plus en plus de stratégies d’évitement; ce qui restreint énormément la liberté de mouvement ou autrement dit la liberté de choix.



Le monde extérieur est un miroir du monde intérieur


L’idéal de la relation de l’être humain avec le monde extérieur est le partage dans un contexte de plaisir et de respect mutuel.

Cependant chacun de nous éprouve à un moment ou à un autre des relations douloureuses pour plusieurs raisons:
·         soit le rejet pur et simple de ce qu’il est et/ou fait,
·         soit l’acceptation sans contrepartie : l’environnement prend ce que la personne à a donner sans valorisation. La personne donne sans recevoir ce qu’il mérite.

Bien que ce type de relation soit évidement négatif, elle n’est le reflet de ce qui est vrai à l’intérieur. Je m’explique : chaque être humain possède des valeurs intérieures innées et acquises par l’éducation. Ces valeurs déterminent d’une part ce qui est vrai et ce qui est faux ou autrement dit ce qui est permis et ce qui est interdit.

En fonction de cela chacun d’entre nous prends des rôles dans la société qui correspondent à ce qui est permis intérieurement. Tout cela serait parfait si les parents étaient des Dieux et non des êtres humains imparfaits ! Donc les valeurs que nous avons intégrées sont subjectives et sont susceptibles d’intégrer des « bugs » c’est-à-dire des imperfections familiales : angoisses, colères, peurs, excès, inhibitions propres à chaque famille.



Mise en lumière de l’ombre


Tant que l’être humain vit dans son milieu d’origine, sa famille, il peut en général facilement « faire juste » : très schématiquement lorsqu’il fait ce qui est « permis » il est récompensé et lorsqu’il fait « faux » il est punit.

Cependant à partir du moment où il entre en contact avec le monde extérieur, la loi familiale est mise à mal par celle de la société. Autant le milieu familial n’est pas parfait autant il apporte dans la plupart du temps une tolérance plus grande par rapports aux faiblesses de la personne que la société. Combien d’entre nous ont expérimenté une mise à nu publique de faiblesses que la famille tolérait ! La société est de facto une entité qui valorise le bien collectif plutôt que le bien individuel.

Lorsque la société met en exergue une faiblesse, un manque ou une incapacité d’un individu, elle sert de miroir dans lequel apparait une faiblesse intérieure. Le risque évident dans pareils cas est que l’individu dévalorise ses valeurs et sa personne en tant que telle dans la foulée. L’extrême que l’Homme peut vivre dans ce domaine est le choc traumatique : c’est-à-dire que ce qu’il considère comme « faux » (hors de ses schémas de pensé) devient « vrai », Sa vérité s’écroule au profit d’une autre qu’elle discréditait jusque-là.

La pire de conséquence est que l’individu peut choisir de fuir le domaine dans lequel il a été en échec ou qu’il accrédite, sans réflexion, les valeurs sociétales en détruisant les siennes.

Par contre, un des choix que nous pouvons tous faire est d’accepter une remise en question de ce qui pose problème et travailler intérieurement à retrouver une harmonie d’abords intérieure puis extérieure. Mais surtout nous pouvons accepter le fait que le miroir que nous tend la société en général et notre congénère en particulier est une bonne chose car il nous permet de découvrir une part de nous-mêmes que nous nous cachons.

En définitive, la société ne nous invente jamais de défauts mais elle les met crument en lumière.
Accepter de se remettre en question et travailler sur soi c’est s’ouvrir au changement évolutif.
Lorsqu’une personne travaille profondément sur elle, elle s’aperçoit vite qu’elle peut le faire qu’à une condition : s’aimer.

L’amour est un lien très fort qui lie extérieurement deux personnes et qui leur permet d’accepter mutuellement leur différence. Intérieurement, l’amour permet de nous relier à ces parties de nous que nous aimons laisser en arrière dans l’ombre : le lâche, le perdant, le peureux, le méchant, le tueur, le pervers, le honteux, le soumis, etc. Pour que le lien s’établisse, chacun doit vaincre la peur du rejet. Pourquoi ? Parce c’est la raison majeure pour laquelle nous rejetons nos « facettes honteuse » dans l’ombre : la peur d’être rejetée par notre famille et/la société.

A partir du moment où la personne s’accepte totalement, à savoir qu’elle accepte sa part d’ombre, elle peut la ramener en pleine lumière pour travailler en pleine conscience. Durant cette étape se manifeste la magnifique capacité de changement de notre système nerveux central qui fait merveille. En effet, l’être humain qui s’en donne les moyens peut changer n’importe quel enfer en paradis.

A partir du moment où l’être humain connait sa double personnalité, il peut pleinement prendre conscience qu’entre l’ombre et la lumière, entre le doute et la foi en lui, entre la douleur et le plaisir ; il a le choix. Par contre pour l’exercer il doit avoir la foi dans la possibilité d’accéder de son plein droit à un futur radieux peu importe les nuages qu’il voit ou qu’il a vu.



La vérité est la paix


Chacun a une histoire si particulière, si spécifique que l’on pourrait la symboliser par une corde tendue entre les deux extrémités de sa vie terrestre. L’être humain dualiste, fait d’un aspect féminin et d’un aspect masculin, l’ombre et la lumière, marche symboliquement sur cette corde victorieusement s’il parvient au point d’équilibre. Par contre il chute à chaque fois que la balance entre l’ombre et la lumière sera rompu. Pour rester sur sa corde, il devra développer une troisième partie jusqu’alors cachée : elle n’est ni ombre, ni lumière ; n’a aucune polarité, aucune couleur, odeur, pourtant elle EST la vérité au-delà de la lumière et de l’ombre. Elle EST au-delà même de l’être humain, habite tous les êtres vivants et chaque parcelle de l’univers. Elle EST pure vie. Elle est le Vide et dans le Vide, il y a tout.

Chaque être humain peut y accéder en s’aidant de moyens nombreux et variés. Les arts martiaux traditionnels japonais en sont un. Rechercher la Voie, le « Do », c’est aller au-delà du Tao symbolisant la vie polarisé. L’escrimeur tenant son sabre à deux mains. Il comprend vite que ses deux mains sont l’expression extérieure de ses deux forces intérieures : Yin et Yang, féminine et masculine. Il parvient après une longue pratique à manier sa lame avec adresse en mariant ses deux polarités intérieures. Il en résulte une paix intérieure générée par l’équilibre des forces.



Conclusion


La guerre intérieure ne consiste pas à tuer les parties faibles qui composent notre ombre. Elle ne consiste pas à abattre l’infidèle mais bien plus à le convertir dans le respect. Affronter son ombre est effrayant dans bien des points de vue et bien plus dur que de fuir dans la négation de nos aspects négatifs. Cependant tôt ou tard le fuyard doit affronter ses peurs et faire face. Parvenir au point d’équilibre permet d’atteindre la vraie paix celle de l’âme.

Chacun peut y accéder à condition d’être prêt à aller au-delà des limites du bon et du mauvais pour accéder à celles du vrai.


                                                                                     Jean-Christian Balmat


Depuis 1991, l’École de Ninpo Nin-Jutsu vous propose :

·        Cours hebdos enfants-ados-adultes, tous les lundis et vendredi de 18 h à 19 h

·        Stages de week-end

·        Semaines intensives

·        Camp d’été

·        Un livre « Le Ninpo Nin-Jutsu au 21e siècle », 444 pages. Disponible sur Amazon.




[1] Je vous suggère de consulter les articles sur les systèmes de récompense et de punition du système nerveux central postés sur le blog « Shiatsu Holistique ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire