Pour faire suite à l’article que j’ai posté le 12 septembre, je vous propose de réfléchir plus en avant sur la définition du Guerrier en ce 21ème siècle.
Etre ou apparaitre : that’s the question ?
Lorsqu’un enfant nait, il débute une période dans laquelle ses parents
lui donnent le droit d’évoluer dans un milieu protégé, la famille. Comme la
coquille protège le poussin, la famille permet à l’enfant d’intégrer un maximum
de connaissance, dont les comportements « adéquats, juste et
reconnus » par la famille et la société.
L’adolescence marque l’arrivée dans la société avec tout ce qu’elle
comporte de contestation de l’éducation et réveil à la dure réalité de la
société. La prise de conscience de la société est surtout pour la plupart,
l’éveil a un milieu sans protection dont le jugement se base bien uniquement
sur les actions, le FAIRE en opposition à la famille où symboliquement l’enfant
peut ÊTRE.
La conséquence naturelle est que l’adolescent développe naturellement une
carapace sociale, appelée « persona », qui est une série de masques
lui permettant de montrer aux différents groupes sociaux qu’il fréquente des
apparences et comportements acceptables pour ces derniers.
Arrivé à l’âge adulte, chaque être humain est devant un choix
cornélien :
·
Continuer
à renforcer son persona à tout prix même celui d’occulter voir d’oublier sa
personnalité réelle intérieure
ou
·
Développer
sa personnalité d’une manière équilibrée tout en gardant un persona en guise
d’habit social.
Comme nous
l’avons vu dans les articles précédents, il est impossible de réduire à néant
le persona, aussi vrai que nous portons des habits pour nous protéger des aléas
climatiques.
Sachant cela la
décision à faire ne consiste pas à un choix entre personnalité intérieure,
l’Être intérieur, et le persona, le paraitre ; mais plutôt de savoir
laquelle de ces deux facettes nous allons nourrir le plus.
Ah il est évident
que le paraitre rapporte beaucoup : du moment que nous respectons les
codes du groupe par lequel nous sommes reconnus, la récompense[1]
sera immédiate et proportionnelles à l’effort consenti. Par contre ce
fonctionnement nécessite une « mise à jour » permanente de l’apparence
consommant une bonne partie des ressources psycho-affectives et physiques de la
personne.
Se consacrer au
développement harmonieux de la personnalité est pour la plupart des gens une
démarche de looser. Pourquoi ? Parce qu’elle s’accompagne de la découverte
navrante (pour l’ego) de défauts, manques et lacunes intérieures. Ce second choix
de vie implique de facto d’affronter intérieurement un défaut pour la société.
La guerre intérieure
Pour autant que l’on choisisse la deuxième solution, une guerre latente
va apparaitre au grand jour celle qui va mettre en balance :
Notre foi
|
avec
|
Notre scepticisme
|
Notre espoir
|
Notre désespoir
|
|
Notre
bienveillance
|
Notre malveillance
|
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Notre
politesse
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Notre grossièreté
|
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Notre
sincérité
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Notre hypocrisie
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Notre honneur
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Notre honte
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Notre
innocence
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Notre désabusement
|
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Notre loyauté
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Notre traîtrise
|
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Nos joies
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Nos tristesses
|
|
Nos convictions
|
Nos doutes
|
Tableau 1
Tout être humain
éprouve naturellement intérieurement les sentiments de la colonne de gauche.
Cependant à partir du moment où il établit des contacts sociaux, il expérimente
l’échec, le doute, l’impuissance et même le rejet de l’autre.
L’innocence et la
spontanéité des sentiments originels laissent malheureusement trop souvent place
au désabusement de l’adulte qui brime ses émotions quand elles relèvent de la
douleur. Ce phénomène est naturel et procède du système de punition dont nous avons amplement parlé dans les
articles précédents.
Nous savons que
ce système met en place automatiquement dans le présent et le futur un
processus de rejet de tout ce qui a fait mal dans le passé. Ce système est
salvateur à court terme cependant l’être humain risque, s’il vit sous ce
fonctionnement passivement, de mettre en place de plus en plus de stratégies
d’évitement; ce qui restreint énormément la liberté de mouvement ou autrement
dit la liberté de choix.
Le monde extérieur est un miroir du monde intérieur
L’idéal de la relation de l’être humain avec le monde extérieur est le
partage dans un contexte de plaisir et de respect mutuel.
Cependant chacun de nous éprouve à un moment ou à un autre des relations
douloureuses pour plusieurs raisons:
·
soit le rejet pur et simple de ce qu’il est et/ou
fait,
·
soit l’acceptation sans contrepartie :
l’environnement prend ce que la personne à a donner sans valorisation. La
personne donne sans recevoir ce qu’il mérite.
Bien que ce type de relation soit évidement négatif, elle n’est le
reflet de ce qui est vrai à l’intérieur. Je m’explique : chaque être
humain possède des valeurs intérieures innées et acquises par l’éducation. Ces
valeurs déterminent d’une part ce qui est vrai et ce qui est faux ou autrement
dit ce qui est permis et ce qui est interdit.
En fonction de cela chacun d’entre nous prends des rôles dans la société
qui correspondent à ce qui est permis intérieurement. Tout cela serait parfait
si les parents étaient des Dieux et non des êtres humains imparfaits !
Donc les valeurs que nous avons intégrées sont subjectives et sont susceptibles
d’intégrer des « bugs » c’est-à-dire des imperfections
familiales : angoisses, colères, peurs, excès, inhibitions propres à
chaque famille.
Mise en lumière de l’ombre
Tant que l’être humain vit dans son milieu d’origine, sa famille, il
peut en général facilement « faire juste » : très
schématiquement lorsqu’il fait ce qui est « permis » il est récompensé
et lorsqu’il fait « faux » il est punit.
Cependant à partir du moment où il entre en contact avec le monde
extérieur, la loi familiale est mise à mal par celle de la société. Autant le
milieu familial n’est pas parfait autant il apporte dans la plupart du temps
une tolérance plus grande par rapports aux faiblesses de la personne que la
société. Combien d’entre nous ont expérimenté une mise à nu publique de
faiblesses que la famille tolérait ! La société est de facto une entité
qui valorise le bien collectif plutôt que le bien individuel.
Lorsque la société met en exergue une faiblesse, un manque ou une
incapacité d’un individu, elle sert de miroir dans lequel apparait une
faiblesse intérieure. Le risque évident dans pareils cas est que l’individu
dévalorise ses valeurs et sa personne en tant que telle dans la foulée. L’extrême
que l’Homme peut vivre dans ce domaine est le choc traumatique :
c’est-à-dire que ce qu’il considère comme « faux » (hors de ses
schémas de pensé) devient « vrai », Sa vérité s’écroule au profit
d’une autre qu’elle discréditait jusque-là.
La pire de conséquence est que l’individu peut choisir de fuir le
domaine dans lequel il a été en échec ou qu’il accrédite, sans réflexion, les
valeurs sociétales en détruisant les siennes.
Par contre, un des choix que nous pouvons tous faire est d’accepter une
remise en question de ce qui pose problème et travailler intérieurement à
retrouver une harmonie d’abords intérieure puis extérieure. Mais surtout nous
pouvons accepter le fait que le miroir que nous tend la société en général et
notre congénère en particulier est une bonne chose car il nous permet de
découvrir une part de nous-mêmes que nous nous cachons.
En définitive, la
société ne nous invente jamais de défauts mais elle les met crument en lumière.
Accepter de se remettre en question et travailler sur soi c’est s’ouvrir au changement évolutif.
Lorsqu’une personne travaille profondément sur elle, elle s’aperçoit
vite qu’elle peut le faire qu’à une condition : s’aimer.
L’amour est un lien très fort qui lie extérieurement deux personnes et
qui leur permet d’accepter mutuellement leur différence. Intérieurement,
l’amour permet de nous relier à ces parties de nous que nous aimons laisser en
arrière dans l’ombre : le lâche, le perdant, le peureux, le méchant, le
tueur, le pervers, le honteux, le soumis, etc. Pour que le lien s’établisse,
chacun doit vaincre la peur du rejet. Pourquoi ? Parce c’est la raison
majeure pour laquelle nous rejetons nos « facettes honteuse » dans
l’ombre : la peur d’être rejetée par notre famille et/la société.
A partir du moment où la personne s’accepte totalement, à savoir qu’elle
accepte sa part d’ombre, elle peut la ramener en pleine lumière pour travailler
en pleine conscience. Durant cette étape se manifeste la magnifique capacité de
changement de notre système nerveux central qui fait merveille. En effet,
l’être humain qui s’en donne les moyens peut changer n’importe quel enfer en
paradis.
A partir du moment où l’être humain connait sa double personnalité, il
peut pleinement prendre conscience qu’entre l’ombre et la lumière, entre le
doute et la foi en lui, entre la douleur et le plaisir ; il a le choix.
Par contre pour l’exercer il doit avoir la foi dans la possibilité d’accéder de
son plein droit à un futur radieux peu importe les nuages qu’il voit ou qu’il a
vu.
La vérité est la paix
Chacun a une histoire si particulière, si spécifique que l’on pourrait
la symboliser par une corde tendue entre les deux extrémités de sa vie
terrestre. L’être humain dualiste, fait d’un aspect féminin et d’un aspect
masculin, l’ombre et la lumière, marche symboliquement sur cette corde
victorieusement s’il parvient au point d’équilibre. Par contre il chute à
chaque fois que la balance entre l’ombre et la lumière sera rompu. Pour rester
sur sa corde, il devra développer une troisième partie jusqu’alors
cachée : elle n’est ni ombre, ni lumière ; n’a aucune polarité,
aucune couleur, odeur, pourtant elle EST la vérité au-delà de la lumière et de
l’ombre. Elle EST au-delà même de l’être humain, habite tous les êtres vivants
et chaque parcelle de l’univers. Elle EST pure vie. Elle est le Vide et dans le
Vide, il y a tout.
Chaque être humain peut y accéder en s’aidant de moyens nombreux et
variés. Les arts martiaux traditionnels japonais en sont un. Rechercher la
Voie, le « Do », c’est aller au-delà du Tao symbolisant la vie
polarisé. L’escrimeur tenant son sabre à deux mains. Il comprend vite que ses
deux mains sont l’expression extérieure de ses deux forces intérieures :
Yin et Yang, féminine et masculine. Il parvient après une longue pratique à
manier sa lame avec adresse en mariant ses deux polarités intérieures. Il en
résulte une paix intérieure générée par l’équilibre des forces.
Conclusion
La guerre intérieure ne consiste pas à tuer les parties faibles qui
composent notre ombre. Elle ne consiste pas à abattre l’infidèle mais bien plus
à le convertir dans le respect. Affronter son ombre est effrayant dans bien des
points de vue et bien plus dur que de fuir dans la négation de nos aspects
négatifs. Cependant tôt ou tard le fuyard doit affronter ses peurs et faire
face. Parvenir au point d’équilibre permet d’atteindre la vraie paix celle de
l’âme.
Chacun peut y accéder à condition d’être prêt à aller au-delà des
limites du bon et du mauvais pour accéder à celles du vrai.
Jean-Christian
Balmat
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[1] Je
vous suggère de consulter les articles sur les systèmes de récompense et de
punition du système nerveux central postés sur le blog « Shiatsu
Holistique ».
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